Sciences exactes et renaissance de l’Afrique dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop

Auteurs

  • Cheikh M’Backé Diop

DOI :

https://doi.org/10.51185/journals/rhca.2023.0402

Mots-clés :

Renaissance, sciences, radiocarbone, énergie, sécurité

Résumé

Les « sciences exactes » ont joué un rôle essentiel dans la formation intellectuelle de Cheikh Anta Diop (1923-1986) et ont occupé une place centrale, non seulement dans l’exercice de sa profession, mais également dans sa pensée politique et sa pensée philosophique. L’objectif de cet article est de mettre en relief les relations qui existent dans son œuvre entre les sciences exactes et sa vision prospective relative au futur du continent africain. La concrétisation de celle-ci, qui fait appel à la science et à la technologie, est de nature à faire renaître l’Afrique au sortir d’une « nuit » de près de cinq siècles. On rappelle succinctement l’itinéraire scientifique de Cheikh Anta Diop, avec un focus sur le laboratoire de datation par le radiocarbone de l’université de Dakar, qu’il créa et dirigea jusqu’à sa disparition. Sa vision stratégique pour la mise en œuvre d’une politique de développement scientifique et industriel efficiente du continent africain est exposée en évoquant l’organisation de son espace scientifique et technologique, en mettant l’accent sur la problématique énergétique et en abordant la question de la sécurité collective des Africains. La dernière partie porte sur l’actualité de sa pensée. Une annexe en fin d’article liste les différentes contributions de Cheikh Anta Diop dans le domaine des sciences.

Biographie de l'auteur

Cheikh M’Backé Diop

Cheikh M’Backé Diop est docteur ès sciences physiques de l’université Paris Sud (Orsay, aujourd’hui université Paris- Saclay). Il exerce son activité de chercheur et enseigne dans le domaine du nucléaire et des mathématiques appliquées. Il est l’auteur d’une biographie sur Cheikh Anta Diop dont il est le fils aîné : Cheikh Anta Diop, l’homme et l’œuvre (Paris, Présence africaine, 2003). Par ailleurs, il collabore à la Revue d’Égyptologie et des Civilisations africaines, ANKH, dont il est cofondateur (1992). Il a été le conseiller scientifique du documentaire sur Cheikh Anta Diop, Kemtiyu – Seex Anta, d’Ousmane William Mbaye et Laurence Attali (2016).

Références

Arnold James R. et Libby Willard F. (1949), « Age determinations by radiocarbon content: Checks with samples of known age », Science, 110(23).

Bancel Nicolas et Devisse Jean (1993), « La presse étudiante noire en France de 1943 à 1960 », in Collec- tif, Le rôle des mouvements d’étudiants africains dans l’évolution politique et sociale de l’Afrique de 1900 à 1975, Paris, Unesco.

Bell Stéphane (dir.) (2008), La recherche scientifique et le développement en Afrique, Paris, Karthala.

Bianchini Pascal (2000), « L’Université de Dakar sous “ajustement”. La banque mondiale face aux acteurs de la crise de l’enseignement supérieur au Sénégal dans les années quatre-vingt-dix », in Y. Lebeau et M. Ogunsanya (dir.), The Dilemma of Post-Colonial Universities, Nigeria/ABB Ibadan, IFRA-Nigeria, French Institute for Research in Africa, pp. 49-72.

Bocoum Hamady (dir.) (2002), Aux origines de la métallurgie du fer en Afrique – Une ancienneté méconnue – Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, Paris, Unesco.

Boilley Pierre et Chrétien Jean-Pierre (2010), « Introduction à l’histoire de l’Afrique ancienne », in Histoire de l’Afrique ancienne VIIe-XVIe siècle, Paris, La Documentation française.

Boukari-Yabara Amzat (2014), Africa Unite! – Une histoire du panafricanisme, Paris, La Découverte.

Caille Frédéric (dir.) (2018), Abdou Moumouni Dioffo (1929-1991), Le précurseur nigérien de l’énergie solaire, Québec, Sciences et bien commun.

Caille Frédéric (2016), L’Afrique solaire ou le récit oublié. Représentations sociales et expérimentations en matière d’énergie solaire en Afrique 19e-20e siècles, in J. Stoessel et M. Blanc (dir.), Développement durable, représentations sociales et innovations sociales, Actes du 6e Séminaire international du Réseau Développement durable et Lien social, Université Gaston Berger Saint-Louis du Sénégal.

Caille Frédéric (2017) « L’énergie solaire thermodynamique en Afrique, La Société française d’études thermiques et d’énergie solaire, ou Sofretes (1973-1983) », Afrique contemporaine, 261-262, pp. 65-84.

Coquery-Vidrovitch Catherine (2020), « Cheikh Anta Diop et l’histoire africaine », Le Débat, 208.

Collectif (1978), « Colloque sur le peuplement de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique », in Histoire générale de l’Afrique, Études et documents, 1, Paris, Unesco.

Collectif (2020), Les sciences du numérique et calcul haute performance, Une monographie du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, Paris, CEA Paris-Saclay/Éditions du Moniteur.

Deville Éric et Prinzhofer Alain (2015), Hydrogène naturel. La prochaine révolution énergétique ? – Une énergie inépuisable et non polluante, Paris, Belin.

Diop-Maes Louise Marie (1999-2000), « Apport des datations physico-chimiques à la connaissance du passé de l’Afrique », ANKH, Revue d’égyptologie et des civilisations africaines, 8-9, pp. 144-181.

Diouf Makhtar (1992), « La crise de l’ajustement », Politique africaine, 45, pp. 62-85.

Diop Cheikh M’Backé (2003), Cheikh Anta Diop, l’homme et l’œuvre, Paris, Présence africaine.

Diop Cheikh M’Backé (2009-2010-2011), « La recherche scientifique et technologique africaine », ANKH, Revue d’égyptologie et des civilisations africaines, 18/19/20, pp. 308-340.

Diop Cheikh M’Backé (2019-2020), « Éléments pour une histoire des sciences et des techniques en Afrique », ANKH, Revue d’égyptologie et des civilisations africaines, 28-29, pp. 163-180.

Diop Cheikh M’Backé (2016-2017-2018), « Anténor Firmin, Cheikh Anta Diop et Stephen Jay Gould. Notes de lecture sur la genèse du racisme moderne, ses spécificités et sa déconstruction », ANKH, Revue d’égyptologie et des civilisations africaines, 25/26/27, pp. 312-361.

Diop Dialo (2020), Cheikh Anta Diop – Recueil des textes introduits par Dialo Diop, Genève, CETIM.

Diouf Makhtar (1992), « La crise de l’ajustement », Politique africaine, 45, pp. 62-85.

Diouf Mamadou (1999), « Des historiens et des histoires pour quoi faire ? L’historiographie africaine entre l’État et les Communautés », Revue africaine de sociologie, 3(2), pp. 99-128.

Dulucq Sophie (2009), Écrire l’histoire de l’Afrique à l’Époque coloniale (XIXe-XXe siècle), Paris, Karthala.

Fougeyrollas Pierre et Georges François (2001), Un philosophe dans la Résistance, Paris, Odile Jacob.

Gavaud M. (1968), « Compte rendu de la VIe session du Congrès panafricain de préhistoire et de l’étude du quaternaire », Bulletin bibliographique de pédologie, XVII(1), ORSTOM.

Gondola Charles Didier (2007), Africanisme : la crise d’une illusion, Paris, L’Harmattan.

Gros François (dir.) (2006), Sciences et pays en développement Afrique subsaharienne francophone, Les Ulis,Académie des sciences, EDP Sciences.

Hugot J. Henri (dir.) (1972), Congrès panafricain de préhistoire, Dakar 1967 : Actes de la 6e session, Chambéry, Les Imprimeries réunies de Chambéry.

Hureau Jean-Claude (2002), Le siècle de Théodore Monod, Arles, MNHN/Actes Sud.

Kako Nubukpo, (2021), L’urgence africaine, Paris, Odile Jacob.

Kalenga Malu wa (1992), Science et technologie en Afrique – Histoire, leçons et perspectives, Bruxelles, Acadé- mie royale des sciences d’Outre Mer, Classe des sciences techniques, 18(6).

Kangah Kouakou Marcelin (2018), « Dimbokro et la répression colonialiste de janvier 1950 », Revue de l’Histoire, d’Art et d’Archéologie africains, 31, pp. 119-130.

Kisukidi Nadia Yala (2019), « Le “Miracle grec” », Tumultes, 1(52), pp. 103-126.

Kodjo Edem, (1985), Et demain l’Afrique, Paris, Stock.

Labeyrie Jacques (1989), « Les méthodes de datation développées au CEA », Revue générale nucléaire, 6, p. 439-447.

Labeyrie Jacques (1979), « Sea level variations and the birth of Egyptian civilization », in R. Berger et H. E. Suess (dir.), Radiocarbon Dating. Proceedings of the Ninth International Conference 1976, Los Angeles and La Jolla, University of California Press, pp. 32-36.

Labeyrie Jacques (1985), L’homme et le climat, Paris, Denoël.

Le Guelte Georges (2009), Les armes nucléaires – Mythes et réalités, Arles, Actes Sud.

Mazrui Ali A. et Wondji Christophe (dir.) (1998), Histoire générale de l’Afrique, vol. VIII : L’Afrique depuis 1935, Paris, Unesco.

M’Bow Amadou-Mahtar, « L’Histoire générale de l’Afrique », L’Afrique et son histoire, Le Courrier de l’Unesco, août-septembre 1979.

Maurel Chloé (2014), « L’histoire générale de l’Afrique de l’Unesco », Cahiers d’études africaines, 215. Moumouni Dioffo Abdou (1964), « L’énergie solaire dans les pays africains », Présence africaine, 1(2), pp. 96-126.

Mwelwa Joseph, Boulton Geoffrey, Wafula Joseph Muliaro et Loucoubar Cheikh (2020), « Developing Open Science in Africa: Barriers, Solutions and Opportunities », Data Science Journal, 19(31), pp. 1-17.

Ndèye Maurice, Ka Oumar, Bocoum Hamady et Diallo Alpha O. (2004), « Rehabilitation of the laboratoire de carbone 14-Dakar (Senegal) with a super low-level liquid scintillation counting system », Radiocarbon, 46(1), pp. 117-112.

Ndiaye Falilou, « La condition des universitaires sénégalais », in Y. Lebeau et M. Ogunsanya (dir.), The Di- lemma of Post-Colonial Universities, Nigeria/ABB Ibadan, IFRA-Nigeria, French Institute for Research in Africa, pp. 169-207.

Obenga Théophile (1996), Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx : contribution de Cheikh Anta Diop à l’historiographie mondiale, Paris, Présence africaine/Khepera.

Pinault Michel (2000), Frédéric Joliot-Curie, Paris, Odile Jacob.

Poitevin Cédric (2009), Le traité de Pelindaba – l’Afrique face aux défis de la prolifération nucléaire, Bruxelles, Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité.

Press William H. (2013), « What’s So Special About Science (And How Much Should We Spend on It?) », Science, 342, pp. 817-822.

Rabino-Massa Emma (1981), « Étude de la peau des égyptiens prédynastiques », in E. Strouhal et Y. Coppens (dir.), Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, XIIIe série, 3, juillet-septembre 1981, Lille, Doin Éditeurs, pp. 291-296.

Rossatanga-Rignault Guy (2008), « De la “science du Blanc” à la Science ? – Propos “incorrect” sur l’uni- versité africaine du XXIe siècle », in S. Bell (dir.), La recherche scientifique et le développement en Afrique, Paris, Karthala.

Roth Étienne et Petit Bernard (dir.) (1985), Méthodes de datation par les phénomènes nucléaires naturels – Applications, Paris, Masson.

Sagna Ibrahima (1990), Deux applications des gaz rares en géochimie : Géochimie des gaz rares de la dorsale medio-atlantique entre 12° et 16° N – Datation potassium-argon et argon 40-argon 39 de roches métamor- phiques de la chaîne caraïbe du Vénézuéla, thèse de doctorat, Strasbourg, Université Louis Pasteur.

Samb Djibril (2016), Figures du politique et de l’intellectuel au Sénégal, Paris, L’Harmattan.

Schissel Howard (1978), « Comment l’Afrique du Sud a pu mettre au point “sa” bombe nucléaire », Le Monde diplomatique, Septembre, p. 14.

Senghor Léopold Sédar (1948), Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par J.-P. Sartre, Paris, Presses universitaires de France.

Souville Georges (1968), « Le sixième congrès panafricain de préhistoire et des études du quaternaire », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 5, pp. 161-164.

Toguebaye Bhen Sikina et Hounzangbe-Adote Sylvie (2019), Guide pour l’organisation de la recherche scientifique en Afrique de l’Ouest francophone, Bruxelles, Agence universitaire de la Francophonie.

Toynbee Arnold (1975), L’Histoire, Bruxelles, Elsevier-Séquoia.

Vialet Amélie, André Lucile et Aoudia Louiza (2013), « L’Homme fossile d’Asselar (actuel Mali). Étude critique, mise en perspective historique et nouvelles interprétations », L’Anthropologie, 3(117), pp. 345- 361.

Waast Roland et Gaillard Jacques (2018), « L’Afrique entre sciences nationales et marché international du travail scientifique », in D. M. Kleiche, Les ancrages nationaux de la science mondiale, XVIIIe-XXIe siècles, Paris/Marseille, Éditions des archives contemporaines/Institut de recherche pour le développement.

Zangato Étienne (2022), L’essor des premières communautés métallurgistes en Afrique centrale, Paris, L’Harmattan.

Zdenek Červenka et Barbara Rogers (1978), The nuclear axis – Secret collaboration between West Germany and South Africa, Londres, Julian Friedmann Books.

Téléchargements

Publiée

2023-11-09

Comment citer

M’Backé Diop, Cheikh. 2023. « Sciences Exactes Et Renaissance De l’Afrique Dans l’œuvre De Cheikh Anta Diop ». Revue d’histoire Contemporaine De l’Afrique, nᵒ 4 (novembre):15-33. https://doi.org/10.51185/journals/rhca.2023.0402.

Numéro

Rubrique

Contexte et perspective de la pensée théorique de Cheikh Anta Diop