Vol. 8 (2022): Pouvoir politique, censure et création littéraire dans l’Arménie soviétique
Ce dossier thématique, co-dirigé par Valentina Calzolari et Claire Mouradian, s’ouvre sur un article introductif de Claire Mouradian, qui porte sur la littérature arméno-soviétique et étudie les relations entre le pouvoir communiste et les écrivains en suivant les diverses phases de l’histoire de l’URSS. L’article d’Élisabeth Mouradian Venturini est dédié à Yéghiché Tcharents, poète inspiré de la révolution internationaliste, et étudie l’attachement de cet écrivain au thème national arménien. Valentina Calzolari analyse Barbelés en fleurs de Gourguen Mahari et rappelle la censure qui frappa, pour des raisons différentes, cette œuvre de témoignage sur les camps du Goulag et le roman Vergers en feu, du même auteur. L’article de Vartan Matiossian s’intéresse au rapport entre Arménie soviétique et diaspora à travers la vie et l’œuvre de Kostan Zarian, et montre le projet de construction de la nation par la littérature, cher à cet écrivain. Enfin, Cécile Vaissié analyse des récits de voyage de Vassili Grossman et de Simone de Beauvoir, et étudie leurs regards, complémentaires, sur l’Arménie, sa société et son monde littéraire dans les années 1960.
La section « Champ Libre » propose, dans la traduction annotée de Haïk Der Haroutiounian, un essai de la poétesse Violette Krikorian (Grigorian) qui analyse le pont littéraire entre Vahan Térian et Yéghiché Tcharents. À l’heure de l’indépendance recouvrée, en 1991, elle questionne de façon rétrospective les relations entre littérature et politique, ainsi que le rôle des intellectuels face à la soviétisation.
Dans la rubrique « Arrêt sur archives », l’article de David Gasparian, dans la traduction annotée de Claire Mouradian, donne un exemple concret de la censure des années sombres en commentant une des listes d’œuvres censurées pendant la Grande Terreur.
Sans épuiser le sujet, ce dossier offre une diversité d’approches qui pourra contribuer à éclairer une période et une littérature encore peu connues et peu étudiées.
Ce numéro est enrichi de plusieurs textes hors dossier :
- dans la section « Varia », l’article de Radzhana Buyantueva analyse le rôle des ONG étrangères et internationales (occidentales) dans l’activisme LGBT russe ;
- dans la section « Champ libre », Mikhaïl Minakov analyse dans son article un siècle de système politique ukrainien ; Vincent Exiga et Marina Fedorovsky transmettent dans leur article la voix de cinq féministes arméniennes engagées dans plusieurs formes d’activisme. Enfin, l’article de Tania – une artiste russe indépendante – nous livre, sous la forme d’un journal, ses observations sur les changements qui ont affecté Moscou et la Russie depuis février 2022, et elle se pose ces questions obsédantes et incontournables : comment cela a-t-il pu arriver ? Aurait-il été possible de faire quelque chose pour éviter la catastrophe ?
Pour terminer, cinq recensions viennent clore ce huitième numéro.