Vol. 1 (2015): L'URSS et la Russie contemporaine face à l'humanitaire
La préparation de ce numéro spécial, dirigé par Catherine Goussef et Amandine Regamey, a coïncidé de façon très inattendue avec une actualité controversée, à savoir l’acheminement d’une aide humanitaire russe aux régions d’Ukraine orientale en proie, depuis le printemps 2014, à un affrontement entre forces séparatistes dites « pro-russes » et armée ukrainienne régulière. Ce numéro est en grande partie issu d’une manifestation scientifique intitulée « Protection de la population en temps de guerre et action humanitaire en URSS », organisée à Moscou en mars 2013. Fondée en 1867, la Croix-Rouge russe apparaît à la veille de la Grande Guerre comme l’une des plus anciennes et des plus puissantes organisations ayant joué un rôle important dans la dynamique du mouvement (cf. Conférence Internationale des Croix-Rouge à Saint-Pétersbourg, 1892).
L'introduction au dossier, intitulée "Russie-URSS-Russie, un siècle d’humanitaire", brosse un panorama historique de l'aide humanitaire dans cette région du monde. L'article de Yulia Khmelevskaya porte sur l’aide de l’American Relief Association (ARA) qui se distingua par l’importance de l’aide apportée, mais également par son mode d’intervention ; celui de Jean-François Fayet sur l’histoire des acteurs engagés dans la lutte contre la famine dans la jeune Russie soviétique. Catherine Goussef revient dans son article sur les différents pans de cette assistance, soulignant le caractère inédit de la latitude d’action obtenue par les Polonais sur le territoire soviétique. Agnès Blais analyse l'ouverture du territoire de l'URSS aux organisations internationales, et la naissance de nouvelles organisations de solidarité soviétiques impulsées par la vague des réveils populaires et citoyens de la perestroïka, comme l’association « Assistance civique ». Viennent ensuite les contributions de Laurence Binet sur les tensions au sein de Médecins Sans Frontières (MSF) sur la question des positionnements publics de l’organisation, et celle d'Eva Bertrand qui analyse la montée en puissance du MTchS (Ministère des situations d’urgence), organe qui centralise l’aide, dans un contexte d’émergence de la Russie comme acteur du jeu humanitaire.
L'ensemble du numéro
Dossier thématique
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Cet article a été rédigé à partir de l’étude Crimes de guerre et politiques de terreur en Tchétchénie 1994-2004, réalisée par Laurence Binet et publiée dans la collection « Prises de parole publiques de Médecins Sans Frontières ». Cette collection de MSF, à destination interne, est progressivement rendue publique sur le site http://www.speakingout.msf.org. Elle s’efforce de décrire les processus de prise de décision qui ont mené aux positionnements publics de MSF lors de grandes crises humanitaires, ainsi que les dilemmes et controverses qui les ont accompagnés. Les études y prennent la forme d’un récit chronologique composé d’extraits de documents propres à l’organisation (rapports de situation, de mission, échanges de courriels, comptes rendus de réunions, communiqués de presse, rapports de témoignages) et d’articles de presse. S’y ajoutent des extraits d’entretiens menés avec les protagonistes de MSF, acteurs des processus. À partir de ces sources, l’article proposé ici décrit les positionnements publics de Médecins Sans Frontières, lors de la première (1994-1996) puis de la seconde guerre de Tchétchénie (après 1999) et rappelle le contexte opérationnel dans lequel ils s’inscrivaient. L’article se propose ensuite d’examiner les principaux questionnements et dilemmes que ces prises de paroles publiques ont posés à l’organisation aussi bien au moment où il fallait décider d’un positionnement public qu’a posteriori.
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