Orientation et insertion professionnelles des jeunes déficients visuels – recherches appliquées à a Fondation Asile des aveugles

Auteurs

  • Aline Leavy Centre de recherche en psychologie du conseil et de l'orientation (CEPCO), Université de Lausanne/Laboratoire du développement sensorimoteur affectif et social (SMAS)/Fondation asile des aveugles, Suisse https://orcid.org/0009-0002-4328-8422
  • Lucien Panchaud Fondation Asiles des aveugles, Suisse

DOI :

https://doi.org/10.5077/journals/rihv.2025.e1607

Mots-clés :

Recherche appliquée , Innovation , Centre de compétences , Orientation professionnelle, Compétences socio-émotionnelles

Résumé

Le CPHV est un centre de compétences pour la vision et l'inclusion qui œuvre auprès des personnes déficientes visuelles dans l'éducation, la formation et l'insertion professionnelle, à travers une prise en charge holistique. Il développe et promeut des activités de recherche appliquée afin de valider et améliorer les prestations auprès de son public, illustrées par deux recherches en cours. La première s'attache à définir les leviers et obstacles à l'orientation professionnelles des jeunes déficients visuels, la seconde étudie le développement des compétences socio-émotionnelles et son implémentation dans les pratiques pédago-éducatives.

Article soumis à la RIHV à la suite de la présentation lors de la journée scientifique « Handicap visuel et participation sociale : les apports de la recherche » de la Fédération pour la Recherche sur le Handicap et l’Autonomie (FEDRHA, https://fedrha.fr/ ) le 10 octobre 2023. Cette journée a été co-organisée par l’unité de recherche Développement, Individu, Processus, Handicap, Éducation (DIPHE) de l’Université Lumière Lyon 2, le Laboratoire Ergonomie et Sciences Cognitives pour les Transports (Lescot), ainsi que le l aboratoire Mobilité Durable, Individu, Société (MODIS) de l’Université Gustave Eiffel.

Introduction

Le soutien aux personnes déficientes visuelles (DEVI) fait face à de nombreux défis, notamment à travers l’accessibilité à l’information, à l’éducation, à l’emploi ou encore plus largement à la participation sociale (Fougeyrollas et al., 2019).

Le CPHV a pour mission principale de réduire l'impact d'une atteinte fonctionnelle de la vision sur la participation sociale des individus dans divers contextes de vie. Nous mettons en avant l'importance de la collaboration interdisciplinaire et de l'innovation dans les stratégies de prises en charge pédagogiques et thérapeutiques.

Pour réaliser sa mission, le CPHV se concentre sur quatre axes prioritaires. Tout d’abord, (1) l'évaluation des besoins et la gestion des transitions grâce à ses pôles interdisciplinaires qui combinent les perspectives médicales, de réadaptation et pédago-thérapeutique. Ensuite, (2) le centre adopte une approche holistique de la personne, en considérant l’ensemble des contextes de vie de la personne et en favorisant la création d'environnements inclusifs adaptés à chaque individu. (3) le développement d'outils d'accessibilité et de techniques spécifiques est également une priorité, comme l'enseignement de méthodes adaptées aux mathématiques, la production de documents accessibles, et la réalisation de formations, de sensibilisation et de conseils en aménagement. Enfin, (4) la recherche appliquée en sciences de l'éducation et en psychologie est un aspect crucial de notre travail. Nous établissons un lien solide entre les pratiques de terrain et la recherche académique, assurant ainsi l'efficacité et la pertinence de nos interventions.

Lors de la journée scientifique de la FEDRHA sur le thème « Handicap visuel et participation sociale : les apports de la recherche », nous avons présenté notre Fondation et plus particulièrement, le CPHV. Nous avons ensuite présenté deux recherches appliquées en cours liées à l’inclusion professionnelle, soit une première recherche concernant l’orientation professionnelle des jeunes en situation de handicap visuel en Suisse romande, ainsi que le développement d’outils accessibles, et une seconde recherche sur le développement des compétences socio-émotionnelles, transversales à tous les services du CPHV.

Finalement, nous présenterons le déploiement de ces projets et des perspectives pour l’implémentation des résultats au sein des pratiques de terrain.

Recherche en sciences de l’éducation et psychologie dans un centre de compétences lié au déficit visuel

Communément, on sépare la recherche de façon dichotomique entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée (Van der Maren, 2014). La recherche appliquée, ou pragmatique, en psychologie et sciences de l’éducation tire parti des connaissances, théories et méthodes psychologiques ou de pédagogie pour résoudre des problèmes pratiques dans divers aspects notamment liés aux prises en charge éducatives ou psychologiques. Contrairement à la recherche fondamentale, son objectif est d'avoir un impact direct sur les individus. Ce type de recherche « sert plus souvent à justifier, à réaliser ou à instrumenter l'action qu'à acquérir de nouvelles connaissances » (Van der Maren, 2014, p.40) et vise avant tout à trouver des solutions spécifiques à des problèmes ou des questions, ou encore de valider scientifiquement les actions pédagogiques et pratiques professionnelles afin d’améliorer les prises en charge ou de définir la mise en place de nouveaux projets. Elle se distingue par son approche parfois non systématique, allant directement à la quête de solutions ou de la mise en place de nouvelles pratiques professionnelles.

Comme dans toute recherche fondamentale, le chercheur ou la chercheuse identifie le problème, formule une hypothèse et mène des expériences pour la tester. Cela permet notamment d'approfondir les résultats issus de la recherche fondamentale ou pure. On peut classer les méthodes en recherche appliquée en pédagogie et psychologie en 3 groupes : la recherche évaluative, la recherche-action et la recherche de développement (de dispositifs par exemple) (Van Der Maren, 2014).

Dans notre contexte de la santé visuelle, la recherche appliquée trouve des applications dans divers secteurs d’activité, tels que la psychologie clinique pour élaborer des prises en charge adaptées à la souffrance liée à la perte de vision, la psychologie de la santé pour accompagner le processus de la perte d’autonomie et améliorer le bien-être des personnes mal- et non-voyantes, la psychologie de l’orientation pour soutenir la création de projets professionnels adéquats par rapport aux limitations fonctionnelles, la psychologie de l'éducation pour optimiser l’utilisation des moyens auxiliaires et l’autonomie scolaire, etc. En sciences de l’éducation, cette recherche appliquée s’attache par exemple à définir les compétences scolaires qui doivent être adaptées au déficit visuel.

L'objectif principal de la recherche appliquée au CPHV est d'utiliser les méthodes scientifiques pour résoudre des problèmes réels et améliorer la participation sociale des bénéficiaires aveugles et malvoyants. Il s’agit ainsi de valider théoriquement et empiriquement des dispositifs, des pratiques ou le développement d’outils. Elle repose sur la collaboration entre spécialistes de la recherche, du terrain et décisionnaires afin de mettre en place des solutions basées sur des données probantes en s’assurant de leur adéquation avec les besoins des bénéficiaires, les politiques cantonales et fédérales, ainsi que les orientations stratégiques de notre Fondation.

Nous vous présentons dans cet article deux recherches appliquées menées par le service PORTAILS, service de la Fondation Asile des aveugles qui accompagne exclusivement des personnes aveugles ou malvoyantes dans tous les cantons francophones ou bilingues romands afin de les soutenir dans l’orientation et la formation professionnelles. La première s’articule sur le choix de carrière des jeunes gens déficients visuels dans les processus de choix et les impacts du déficit visuel à travers le prisme des théories de la psychologie de l’orientation professionnelle, mais également autour des outils y relatifs et l’impact du manque d’accessibilité de ces outils d’orientation. Cette recherche a pour but de soutenir les choix de carrière des jeunes déficients visuels pour assurer leur pleine participation sociale d’adultes, dans un métier épanouissant en adéquation avec les limitations fonctionnelles. La deuxième recherche propose une étude du lien entre compétences socio-émotionnelles (CSE) et déficit visuel, dont l’objectif est de soutenir leur développement, afin d’améliorer l’employabilité. Les CSE sont en effet en lien avec des concepts tels que l’adaptabilité (Savickas & Porfeli, 2012) ou sont aujourd’hui associées à des softskills, éléments essentiels de l’employabilité (voir par exemple World Economic Forum, 2023 ; Majid & al., 2019 ; Vyas & Chauhan, 2013).

Orientation professionnelle des jeunes déficients visuels

L’orientation professionnelle est un processus important pour tous les jeunes, telles que le démontrent les récentes Lois sur l’orientation professionnelle (Loi 413.61 sur l'orientation professionnelle (LOPro) du 15 mai 2018 du canton de Vaud ou la Loi sur l'orientation professionnelle, universitaire et de carrière du 14.03.2007 du canton de Fribourg ou encore la Loi sur l'orientation scolaire et professionnelle (LOSP) du 4 novembre 2008 de Neuchâtel). Les établissements du secondaire I et secondaire II proposent ces services d’orientation scolaire aux élèves romands afin de soutenir (1) la qualification professionnelle des jeunes et (2) l’insertion professionnelle.

Elle est un enjeu d’autant plus important pour les jeunes déficients visuels. En effet, parallèlement à l’établissement des droits humains à travers le concept d’inclusion, l’organisation du travail s’est considérablement complexifiée, demandant aux travailleurs et travailleuses plus de flexibilité et capacités d’adaptation. Les emplois sont aujourd’hui davantage des fonctions avec des tâches spécifiques, la formation continue est devenue nécessaire tout au long de la carrière pour maintenir l’employabilité et la numérisation croissante modifie l’accès à l’information, l’automatisation de certaines tâches, ainsi que la collaboration ou l’acquisition de nouvelles compétences. Les personnes avec une atteinte visuelle peuvent être particulièrement fragilisées par ces contraintes.

Les atteintes visuelles sont très complexes et variées (Heyraud et al., 2013) et les problématiques renvoient à des limitations fonctionnelles très différentes. Historiquement, la plupart des personnes mal et non-voyantes étaient orientées vers des métiers dits « d’aveugles » (Schreider, 1936). Aujourd’hui, les spécialistes de la réadaptation peuvent soutenir les aménagements nécessaires et le système éducatif inclusif permet aux jeunes déficients visuels d’obtenir des diplômes. Le choix de carrière s’est donc considérablement accru.

La pratique de terrain et les études menées par les associations typhlophiles mettent ainsi en avant plusieurs éléments qui démontrent que la situation professionnelle des personnes déficientes visuelles est globalement moins satisfaisante que celle des personnes sans atteinte à la vue (Johner-Kobi et al., 2015). Les principaux éléments relevés concernent l’inaccessibilité de la formation continue, rendant le maintien de l’employabilité compliqué, le taux de travail réduit, notamment en raison de la fatigue, et le manque de mobilité professionnelle.

Une première partie de cette recherche appliquée a été lancée afin de définir quels sont les leviers et obstacles dans le processus d’orientation professionnelle des jeunes dans la formation professionnelle dite « initiale ».

Une deuxième partie de recherche complémentaire consiste à développer des outils accessibles. En effet, le processus d'orientation professionnelle s'appuie notamment sur des outils psychométriques pour évaluer des domaines comme la personnalité, les intérêts professionnels ou les aptitudes. Ces outils ne sont souvent pas accessibles visuellement à un public déficient visuel, rendant ainsi les résultats biaisés, voire inexploitables. En français, il n’existe actuellement aucun outil dont les qualités psychométriques lui assurent une lecture valide des résultats (Galiano et al., 2018 ; Theurel & Gentaz, 2014).

Quelles sont les carrières professionnelles accessibles aux jeunes DEVI ?

À travers une recherche doctorale, Aline Leavy a lancé une recherche appliquée de type « évaluative pour fin d'amélioration ou d'adaptation » (Van Der Maren, 2014, p.36) afin d’identifier les leviers et barrières à l’orientation et l’insertion professionnelles des jeunes DEVI.

Revue de la littérature

Une première partie a consisté à effectuer une revue de la littérature. Celle-ci a permis de mettre en évidence quelques concepts pour expliquer la problématique liée à l’insertion professionnelle (Leavy et al., 2022). Plusieurs auteurs relèvent l’altération dans le développement des identités personnelle, vocationnelle et professionnelle (Griffon, 1995, 1997a, 1997b ; Sacks et al., 1998) contraintes, notamment par la limitation de l’autonomie ou des compétences sociales et émotionnelles. Un deuxième élément concerne les faibles compétences d’adaptabilité et de flexibilité, qui rendent plus complexes les aménagements de l’environnement nécessaires à l’autonomie professionnelle (Johner-Kobi et al., 2015). En outre, les faibles compétences en adaptabilité exacerbent les difficultés liées à l’employabilité des personnes DEVI (Szymanski & Parker, 2010).

Étude longitudinale

Une deuxième partie propose une étude longitudinale, à la fois qualitative et quantitative, qui s’attache à suivre 40 jeunes déficients visuels de Suisse romande en formation professionnelle initiale​ entre 2021 et 2026.

Cette recherche a été mise en place pour définir les leviers et obstacles liés à une intégration professionnelle en tenant compte des facteurs contextuels (législation, système de formation, marché de l’emploi, assurances sociales) et des facteurs identitaires (adaptabilité, autonomie, autodétermination, surprotection parentale, sentiment d’efficacité personnel​).

Les données récoltées pour évaluer les variables du choix professionnel​ comprennent ainsi un questionnaire sociodémographique​, des données ophtalmologiques, des entretiens semi-directifs longs, et des questionnaires auto-rapportés reliés aux théories exploitées dans la revue de la littérature. Le comité d’éthique a délivré son autorisation en 2021. L’analyse portera sur le traitement des données (éléments ophtalmologiques, parcours de formation, analyses des entretiens et données des questionnaires NEI VFQ 13 (Potic et al., 2021), CAAS Career Adapt-Abilities Scale (Savickas & Porfeli, 2012), SEP (Bandura, 2007) et SSIS SEL ( https://casel.org). Les résultats sont attendus pour 2027.

Profil de choix de carrière

L’analyse des premiers entretiens, bientôt finalisée, consiste à définir les typologies de processus de choix des jeunes avec une déficience visuelle. Cette analyse est réalisée à travers le prisme des capabilities de Sen (1992). Il semble en effet important d’analyser les processus de choix en référence à la liberté de réaliser, ou à l'opportunité effective pour une personne de mobiliser les fonctionnements qu'elle a choisis dans un contexte donné​. L'approche des capabilités met en lumière les défis auxquels les jeunes avec un déficit visuel sont confrontés dans leurs choix de carrière, en raison des contraintes liées au handicap et à des facteurs contextuels comme l'accès à l'éducation, au marché du travail et aux assurances sociales. Les inégalités dans les choix professionnels, souvent dues à des limitations ou à des orientations imposées, restreignent leurs aspirations de formation et professionnelles. La théorie de Sen insiste sur la "liberté réelle", où l'accès aux ressources et opportunités définit les capacités individuelles. Pour les jeunes déficients visuels romands, les professions inaccessibles (par exemple, nécessitant un permis de conduire ou liées à la sécurité des personnes) et les orientations professionnelles dictées par les assurances sociales renforcent ces contraintes, et peuvent affecter le processus d’orientation. Les résultats seront disponibles courant 2025.

Afin de soutenir ces processus de choix de carrière, notre service d’orientation soutient le processus de construction du projet professionnel, notamment à l’aide d’outils dédiés. Les tests d’intérêt, de personnalité et de valeurs peuvent apporter des éléments importants au conseil en orientation et aucun de ces tests, que ce soit en format papier ou numérique, ne sont accessibles à l’ensemble des personnes atteintes dans leur vision en Suisse romande. Afin de compléter la recherche en orientation professionnelle plus théorique, nous avons développé un axe plus centré sur les outils.

Accessibilité des outils d’orientation professionnelle

Les psychologues, conseillères et conseillers en orientation de notre service sont constamment confrontés à la problématique des outils d’orientation non accessibles, que ce soit en format papier ou en ligne. De plus, les personnes avec un déficit visuel peuvent être amenées à passer des questionnaires ou des épreuves d'aptitudes par des personnes non spécialisées dans le déficit visuel, ce qui peut présenter des répercussions importantes sur leur orientation scolaire ou professionnelle si les limitations d'accessibilité ne sont pas compensées ou prises en compte dans l'analyse des résultats. De ce fait, les personnes en situation de handicap visuel se trouvent actuellement discriminées dans leur orientation scolaire et professionnelle et ont besoin d'outils accessibles adaptés à leur atteinte à la santé pour les aider à construire leur projet professionnel. Ce constat s'est construit sur la base d'observations de terrain effectuées par l'équipe de PORTAILS mais aussi d’après la littérature existante (Leavy et al., 2022 ; Leavy et al., 2023).

Nous avons ainsi lancé une recherche appliquée de type « développement de dispositif » (Van der Maren, 2014) qui « consiste, après une analyse de besoin, à concevoir, à produire un outil, un objet matériel (programme, manuel, outil d'enseignement ou de réadaptation, etc.), puis à le tester avant de l'utiliser de manière régulière » (ibid., p.37).

Grâce aux subventions du Bureau fédéral Suisse de l’égalité pour les personnes handicapées de l’égalité pour les personnes handicapées nous avons mené une analyse de l’accessibilité technique et de contenu de certaines plateformes de questionnaires online pour les personnes déficientes visuelles et créé un protocole de mise en accessibilité, selon les principes du universal design.

Compétences socio-émotionnelles et déficit visuel

Une deuxième recherche appliquée concerne les compétences socio-émotionnelles (CSE). La question de départ du terrain « est-ce que les enfants et jeunes présentant un déficit visuel ont de moins bonnes CSE que les enfants et jeunes tout-venant ? » s’est liée aux recherches doctorales de Alessio Barras (UniFR), de Lola Chennaz (dans le cadre du projet FNS Emoti’sens - UniGe) et de Aline Leavy (UniL / UniGe). Si la revue de littérature​ indique que les compétences socio-émotionnelles des enfants et adolescents et adolescentes avec une déficience visuelle sont en moyenne moins développées que celles de leurs pairs sans atteinte visuelle (Caron et al., 2023 ; Crocker & Orr, 1996 ; Huurre & Aro, 1998 ; McGaha & Farran, 2001 ; Ozkubat & Ozdemir, 2014)​, il s’agissait d’une part de mesurer les compétences socio-émotionnelles des enfants déficients visuels​ du CPHV, et d’autre part, de définir des actions pédagogiques pour combler les manques à travers des interventions spécifiques et des outils accessibles.

Une soixantaine d’enfants et jeunes avec atteinte visuelle de 4 à 18 ans (processus encore en cours) scolarisés dans l’enseignement ordinaire font partie de l’étude. Nous utilisons le SSIS SEL (Compétences socio-émotionnelles - Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning) (www.casel.org) pour 2 à 3 questionnaires : évaluation parents​, évaluation par le personnel enseignant et auto-évaluation (dès 12 ans)​. Ces 3 questionnaires sont analysés au regard des données socio-​démographique​s et ophtalmologiques.

Deux publications théoriques sont en cours par les équipes de recherche et les données de l’étude seront disponibles fin 2025 ou début 2026.

Déploiement

Le CPHV s’appuie donc sur la recherche académique afin de soutenir l'amélioration de ses pratiques et nous initions nos projets à partir de problématiques issues du terrain uniquement.

L’application pratique des recherches dans le domaine « pédago-thérapeutique » est un réel défi pour nos institutions comme l’ont démontré plusieurs auteur.es, notamment Tual et son équipe (2021) qui explore le champ d’étude de l’implémentation. Ces auteurs soulignent notamment l’importance de l’interdisciplinarité et de la vision holistique pour soutenir l’implémentation de pratiques innovantes qui s’appuient sur la recherche.

L’Education EndowmentFoundation (EEF) a, quant à elle, développé un guide pour soutenir l'intégration réussie de ces innovations. Les auteurs mettent en avant notamment l’importance d’avoir une approche par processus grâce à une mise en œuvre progressive et structurée, des problèmes clairs à aborder, une gestion de projet détaillée qui s’adapte en fonction des retours, ainsi qu’un leadership qui soutienne les collaborateurs et collaboratrices.

Ces auteurs confirment les démarches adoptées par le CPHV pour permettre la mise en place d’une innovation basée sur des preuves à savoir :

  • L’identification de problèmes directement issus du terrain.
  • Une cartographie détaillée des pratiques actuelles et des données de la littérature.
  • La mise en place de projets transversaux impliquant l’ensemble des services.
  • L’adoption d’un modèle de gestion de projet clair, précis et facilement utilisable.

Conclusion

Le CPHV se positionne comme un centre de compétences engagé dans une compréhension holistique des besoins de l'individu. Notre approche interdisciplinaire, alliant technicité et vision globale, est un élément important de notre action pour garantir une inclusion réussie dans toutes les sphères de la vie des personnes. L'importance que nous accordons à la recherche appliquée souligne notre détermination à offrir des solutions concrètes et scientifiquement validées aux défis rencontrés, améliorant ainsi constamment nos pratiques.

Face à ces enjeux, le défi majeur pour le CPHV réside dans notre capacité à renforcer la pleine participation des bénéficiaires. Pour ce faire, nous les soutenons autant dans le développement de compétences dites scolaires comme les mathématiques, les sciences, etc., que transversales, telles les compétences socio-émotionnelles.

À l’avenir, l'intégration de champs d’études propres aux Disabilitystudies, la formation continue de nos collaborateurs et collaboratrices en gestion de projet et le renforcement des compétences en gestion de processus sont autant de leviers pour proposer des innovations qui soient au plus près des besoins du terrain. Notre vision s'articule autour d'une approche participative, privilégiant une orientation bottom-up afin d’insuffler une dynamique d'innovation et d'adaptation continue qui soit au plus proche des besoins quotidiens du public en situation de handicap visuel.

Références

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Publiée

20-02-2025

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Dossier

Comment citer

Leavy, A., & Panchaud, L. (2025). Orientation et insertion professionnelles des jeunes déficients visuels – recherches appliquées à a Fondation Asile des aveugles . Revue Interdisciplinaire Sur Le Handicap Visuel, (1). https://doi.org/10.5077/journals/rihv.2025.e1607