TY - JOUR AU - Nivat, Georges PY - 2021/12/22 Y2 - 2024/03/29 TI - La Vérité sur la Grande Famine: Ukraine 1931–1934 JF - Connexe : les espaces postcommunistes en question(s) JA - Connexe VL - 7 IS - SE - Champ libre DO - 10.5077/journals/connexe.2021.e607 UR - https://oap.unige.ch/journals/connexe/article/view/607 SP - 201–218 AB - <p>Parti du film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, <em>L’ombre de Staline</em><em>, </em>l’article est le fruit d’une relecture des articles et carnets de Gareth Jones, un intrépide jeune journaliste gallois qui, en 1931, après avoir interviewé Hitler, se met en tête d’interviewer Staline. Mais, arrivé à Moscou avec une lettre de recommandation de Lloyd George, il découvre par une collègue la grande famine en Ukraine, que le régime et presque tous les journalistes occidentaux en poste en URSS font tout pour masquer.</p><p>Les articles et carnets de Gareth révèlent des détails effarants sur cette famine organisée pour pouvoir exporter autant de grain que possible. Le journaliste se joint aux paysans affamés, et subit lui-même la famine et ses premiers effets. Il est ensuite capturé par les services spéciaux qui lui proposent un marché : Gareth Jones est libéré et peut rejoindre l’Angleterre, mais il doit alors démentir les « fausses rumeurs », sinon, six ingénieurs anglais, tout spécialement arrêtés et accusés d’espionnage, vont être condamnés.</p><p>L’article étudie l’effet du tabou stalinien relayé par la presse occidentale, après que Jones ait vainement clamé la vérité (et ait été tué en Mandchourie deux ans plus tard – probablement par vengeance). Puis, cet article montre la lente progression des études sur cet effrayant épisode d’une famine provoquée. Tout d’abord, le camouflage obstiné, mis en place par le journaliste américain et prix Pullizer en 1932, Walter Duranty, sera étudié. Ensuite, la lente avancée des connaissances sur cette période sera examinée, depuis les travaux de Boris Souvarine et son <em>Staline</em> (1935), jusqu’aux recherches de Robert Conquest publiées dans <em>Harvest of Sorrow</em> (1986), pour terminer avec le dernier ouvrage d’Anne Applebaum, <em>Red Famine</em> (2017), qui pose, entre autres, la question : La Grande Famine en Ukraine correspond-elle au crime de génocide ?</p><p>Aujourd’hui, le rôle de Gareth Jones est reconnu dans l’Ukraine indépendante, et sa nièce, auteur du livre <em>Gareth Jones : The Manchukuo Incident</em><em>, </em>paru en 1999, a reçu pour lui, à titre posthume, l’Ordre du Mérite ukrainien.</p> ER -